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Les chartes des comtes de Flandre deviennent les chartes des comtes et comtesses de Flandre !

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20/06/2023 - Recherche - Archives de l'État à Gand

Dans leurs trésors, les Archives de l'État à Gand conservent plus de 4.000 chartes du comté de Flandre. Au XIXe siècle, cette collection a été baptisée « chartes des comtes de Flandre » par les archivistes qui les ont étudiées et étaient à l'époque tous des hommes. Or, la collection ne peut être rattachée aux seules activités des comtes, mais l'est également à celles des comtesses ! La dénomination de cette collection vient donc d'être actualisée afin de tenir compte de la dimension genre. Le projet REIGN va d'ailleurs permettre une meilleure ouverture à la recherche de ces chartes, selon les normes du XXIe siècle.

La collection de chartes des comtes et comtesses de Flandre, conservée aux Archives d'État de Gand, est l'une des plus riches de Belgique. Elle compte plus de 4.000 documents qui témoignent du passé politique, économique, social et culturel de l'ancien comté de Flandre. Au XIXe siècle, cette collection a été scindée en quatre parties : Saint-Genois, Gaillard, Fonds autrichien et Supplément chronologique Wyffels. Le classement, les inventaires et les dénominations du XIXe siècle ont été d'usage jusqu'il y a peu.

A l'époque, les chartes ont été extraites des archives du Conseil de Flandre - qui était le principal organe administratif et judiciaire du comté de Flandre à la fin de l'Ancien Régime - et regroupées de manière quelque peu artificielle. Depuis le XIXe siècle, cette collection est connue comme étant celle des chartes des comtes de Flandre. Pourtant, la collection relflète non seulement les activités des comtes, mais également celles des comtesses !  

Une (r)évolution logique

Lancé en 2023 pour une durée de quatre ans, le projet REIGN va permettre une meilleure ouverture à la recherche de cette collection, selon les normes du XXIe siècle. Une actualisation de la dénomination de cette collection est donc logique. La nouvelle dénomination « Graven en gravinnen van Vlaanderen » (« comtes et comtesses de Flandre ») a été intégrée dans le système de gestion des archives des Archives de l'État et dans le moteur de recherche des Archives de l'État.

Pourquoi ce changement de nom est-il utile et nécessaire ? Durant longtemps, la perspective masculine de l'Histoire, souvent axée sur les événements politiques et militaires, a été dominante. Heureusement, cette situation a évolué au cours des dernières décennies. Les chercheuses, chercheurs et archivistes sont devenus plus conscients de l'histoire sociale, des différentes formes d'exercice du pouvoir et du rôle des femmes dans tous les domaines de la société.

Le projet de recherche REIGN a pour objectif de visibiliser l'action des femmes à l'époque médiévale et moderne dans le comté de Flandre. Qu'elles aient été princesses héritières, consorts ou régentes d'un héritier mineur, ces femmes ont laissé des traces dans certains actes juridiques, sur les sceaux et les chartes.

Tant le grand public que les chercheuses et chercheurs s'intéressent davantage au rôle joué par les femmes dans l'histoire. En Flandre, l'émission Het Verhaal van Vlaanderen a contribué à mieux faire connaître certaines femmes du comté de Flandre à l'époque médiévale. C'est le cas pour Judith de Flandre, arrière-petite-fille de Charlemagne, qui vécut à la fin du IXe siècle ou encore, mieux connue côté francophone, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, qui vécut au XVe siècle. En 2021, l'émission Secrets d'Histoire s'était également penchée sur le destin de Marie de Bourgogne.

Beaucoup d'autres générations de femmes ont joué un rôle politique à différents titres : Marguerite d'Alsace, Jeanne de Constantinople et Marguerite de Constantinople, mais également d'autres aujourd'hui moins connues comme Clémence de Bourgogne, Marie de Champagne ou Mathilde de Béthune. Ces femmes peuvent apparaître dans la collection comme des productrices d'archives et jouer un rôle de premier plan. Mais il arrive aussi qu'elles ne soient mentionnées que furtivement ou qu'elles jouent un rôle secondaire.

Cette perspective de genre dans l'étude de l'exercice du pouvoir comtal fournira des aperçus plus nuancés, corrigeant ainsi la vision sexiste de cette collection depuis le XIXe siècle. Le changement de nom de cette collection de chartes contribue à une manière plus contemporaine d'accéder au passé et de l'étudier.

      

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