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Bollenien, le rôle politique d’une zone à la frontière belgo-allemande

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08/05/2023 - Recherche - Inventoriage - Publications - Archives de l'État à Eupen

Le 2 avril 1949, le général Paul Bolle, originaire d'Hasselt, est chargé de la gestion d’une zone à la frontière belgo-allemande, qui est rapidement appelée Bollenien. Lors de la fixation définitive des frontières à la fin des années 1950, certaines archives de Bollenien partent en République fédérale d’Allemagne. Mais le général Bolle a également légué une partie de ses dossiers à un particulier à Eupen. En 2017, cette collection privée a été transférée aux Archives de l’État à Eupen. L’inventaire de ces archives vient d’être publié.  

In de naoorlogse periode was België intern verdeeld ten opzichte van Duitsland. Het land stond voor de keuze: een revanchistische annexatiepolitiek versus een gematigde claimpolitiek. In 1946 lieten de Britten België deelnemen aan de bezetting en het bestuur van hun Britse zone, maar nationaal-conservatieve krachten in België wilden meer en eisten een eigen bestuurszone in het naoorlogse Duitsland. In 1947-1948 kreeg het scenario van de Koude Oorlog tussen Oost en West geleidelijk vorm. In deze constellatie paste het niet om met eisen voor grote territoriale cessies te komen.

Dans l’après-guerre, la Belgique était divisée quant à l’attitude vis-à-vis de l’Allemagne. Les options étaient d’une part une politique revancharde d’annexion ou une politique mitigée de revendications. En 1946, les Britanniques associaient la Belgique à l’occupation et à l’administration de la zone britannique de l’Allemagne occupée mais des fractions nationalistes et conservatrices en Belgique exigeaient leur propre territoire administratif dans l’Allemagne d’après-guerre. En 1947-1948, la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est commençait à se profiler plus clairement, et dans cette nouvelle constellation les revendications de grandes concessions territoriales étaient inopportunes.

C’est pourquoi les revendications belges se limitaient à une correction des « anomalies frontalières » de 1920-1922. Finalement, le gouvernement belge se contentait du transfert de Bildchen, une ville dans la périphérie d’Aix-la-Chapelle, des villages Leykaul près de  Kalterherberg et Losheim, et du hameau Hemmeres. Comme ce territoire était une zone militaire, il était administré  par le ministère de la défense. Le général Paul Bolle, citoyen de Hasselt, était nommé comme gouverneur militaire. Le 2 avril 1949, il prit en charge l’administration extraordinaire de la zone frontalière, d’une superficie d’à peine 1350 hectares et comptant environ 700 habitants. Il s’agissait d’une administration provisoire, en attendant que soit conclu définitivement un règlement sur les frontières germano-belges. Entre-temps, les habitants de la zone conservaient leur nationalité allemande.  

Bolle avait reçu du gouvernement belge des pouvoirs assez étendus, mais il ne menait pas de politique agressive d’assimilation. Il n’était pas impopulaire et rapidement cette zone administrative était communément appelée Bollenien. La zone en question devenait une seule commune, avec un bourgmestre belge qui habitait à Bildchen, tandis que Paul Bolle et ses collaborateurs les plus étroits résidaient à Eupen.  

En principe, la législation belge était d’application à Bollenien, mais l’appareil judiciaire posait problème.  Comme solution, il fut instauré un tribunal spécial qui siégeait à Bildchen et qui était composé d’un juge – investi des compétences supérieures - , d’un avocat faisant fonction de procureur et d’un greffier.  Il était impossible d’interjeter appel contre les sentences du juge. Par ordre du ministère de la Justice à Bruxelles, les jugements étaient alternativement basés sur le droit belge, allemand ou rhénan. Pour des infractions routières par exemple, le code belge de la route était appliqué, tandis que pour des litiges en matière de location ou d’affermage, les normes judiciaires allemandes étaient suivies.  

Si les relations entre la Belgique et la République fédérale d’Allemagne s’amélioraient considérablement par la suite, les négociations germano-belges sur un traité de compensation, y compris une adaptation de la frontière, ont néanmoins duré encore de longues années.  Ce n’est que le 24 septembre 1956 que le traité fut signé à Bruxelles. L’Allemagne le ratifia le 6 août 1958 et le 28 août 1958 les adaptations frontalières étaient finalement une réalité.  

Bollenien et des parties de ses archives retournaient à la République fédérale. Après l’abolition de son administration, le général Bolle léguait une partie de ses dossiers à une personne privée d’Eupen. Ce n’est qu’en 2017 que cette collection privée a été transférée aux Archives de l’État à Eupen.  

L'inventaire

L’inventaire peut être consulté gratuitement via notre moteur de recherche en ligne ou en le téléchargeant en PDF via notre webshop.

HERREBOUT Els, Archiv des Militärkommandos der an Belgien abgetretenen Gebiete ("Bollenien") (1886-1981), série Inventaires Archives de l’État à Eupen n°28, publication n°6375, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2023 (uniquement sous forme numérique).

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