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Projet « Résolution-Métis »

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Contenu

La « Résolution-Métis » à l’origine du projet

Le projet de recherche « Résolution-Métis » fait suite à l’adoption à l’unanimité par la Chambre des représentants d’une « Résolution relative à la ségrégation subie par les métis issus de la colonisation belge en Afrique » (ci-après « Résolution-Métis »), le 29 mars 2018. Aboutissement d’un long combat mené par les métis et leurs ayants-droit, cette résolution était en premier lieu une reconnaissance officielle de la ségrégation dont les métis avaient été victimes sous le régime colonial belge. La « Résolution-Métis » adressait également une série de demandes au Gouvernement fédéral, notamment en matière d’accès aux dossiers d’archives permettant de reconstituer l’histoire individuelle et collective des métis.

Les articles 6 et 7 de la Résolution-Métis demandaient spécifiquement au Gouvernement :

  • que soit menée une recherche historique circonstanciée sur le rôle joué par les autorités civiles et des autorités ecclésiastiques dans la façon dont les métis ont été traités à l’époque coloniale au Congo belge et au Ruanda-Urundi. (art. 6)
  • que soit répertorié l’ensemble des dossiers personnels des métis et que soient effectuées des corrélations entre eux, afin de pouvoir résoudre notamment les problèmes causés par des changements de noms ou une mauvaise orthographe de ceux-ci. (art. 7)

La mise en œuvre de la « Résolution-Métis »

Afin de répondre aux objectifs des articles 6 et 7 de la Résolution de 2018, le projet de recherche s'attache à étudier le rôle et l'impact des structures administratives, religieuses, juridiques et associatives sur les trajectoires des personnes métisses nées dans l’ensemble des territoires colonisés et sous mandat/tutelle de la Belgique (Congo et Ruanda-Urundi) et durant la totalité de la période de l’État Indépendant du Congo ainsi que de domination belge, donc de 1885 à 1962.

La politique de ségrégation instaurée par le régime colonial belge a donné lieu à l’éclatement de fratries, à la perte d’identité et à l’arrachement d’enfants à leur famille biologique. Elle a aussi généré une production d'archives dispersées. Cette dispersion témoigne de la complexité et de l'étendue de l'objet de recherche et de la pluralité des parcours individuels et collectifs des métis.

Un vaste travail d'identification et de traitement de sources issues de fonds publics et privés a été entrepris depuis fin 2019. Il permet de répondre aux demandes individuelles adressées au projet (phase 1) et de soutenir la recherche historique (phase 2). Bien que distinctes, ces deux phases sont donc étroitement liées et se nourrissent mutuellement.

En 2023, la Chambre des Représentants a fait le point sur l'état d'avancement des 11 points de la "Résolution-Métis", y compris - mais pas seulement - les recherches menées aux Archives de l'Etat. Le compte-rendu a été mis à disposition.

Phase 1 du projet

La phase 1 du projet a débuté le 1er septembre 2019 sous la direction conjointe du SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement qui financent la recherche, et des Archives de l’État. En septembre 2023, forte de ses acquis et de son importance, elle a été prolongée jusqu'en janvier 2026.

La phase I du projet accompagne les métis coloniaux et leurs descendants qui souhaitent accéder aux dossiers d’archives qui les concernent, dans ce dédale archivistique. Entre fin 2019 et mai 2025, 513 demandes de recherches des origines ont été traitées.

La phase 1 s’est vu confier 2 tâches centrales :

  1. Localiser, identifier, et répertorier les informations documentant les parcours individuels et collectifs des métis nés dans le contexte de la colonisation belge, et faire des liens entre ces informations en vue de reconstituer des liens familiaux.
  2. Répondre aux demandes individuelles de recherche des origines envoyées par les métis ou leurs descendants.

Ces deux missions sont absolument cruciales et revêtent une dimension sociétale forte. De nombreux métis ont en effet été l’objet de pratiques de déplacement et de séparation forcés durant la période (post-) coloniale, dans les territoires anciennement colonisés. Parmi eux, certains ont été déplacés hors d’Afrique, principalement à l’époque des indépendances et vers la Belgique, pour y être placés dans des familles ou institutions d’accueil. À l’heure actuelle, de nombreux métis, qu’ils résident en Afrique, en Belgique, ou ailleurs, subissent encore les conséquences de ces pratiques.

Pour introduire une demande :

  • Guide pratique
  • Autorisation permettant à l’équipe d’effectuer les recherches.
  • Formulaire de renseignements permettant à l’équipe d’effectuer les recherches. Ce formulaire n’est pas obligatoire, il s’agit d’un outil destiné à nous aider à rassembler des données utiles pour la recherche de vos origines.

Phase 2 du projet

L'équipe du projet est chargée de rédiger une étude historique qui prendra la forme d'un rapport qui sera présenté à la Chambre des Représentants belge. Cette étude analyse les politiques et les pratiques de l'entreprise coloniale belge en Afrique centrale à l'égard des personnes métisses et les réalités sociales et juridiques de leur vie en Afrique et en Europe.

La phase 2 a débuté le 1er février 2022 et est co-financée par les cabinets Affaires étrangères et Coopération, et le SPP Politique scientifique. Elle doit être finalisée en janvier 2026 et concerne tant le Congo que le Ruanda-Urundi (1885-1962).

Une approche participative 

Tout en garantissant la neutralité et l’indépendance de la recherche, nous travaillons en étroite collaboration avec des associations représentant les métis et leurs ayants-droit en Belgique et en Afrique centrale. Nous collaborons également avec les institutions ayant acquis une expertise dans l’accompagnement et la gestion de la consultation de dossiers d’adoption et avec des représentants du monde politique. L’optique de ce projet est donc participative et inclusive, reposant sur un profond respect des vécus, expériences et expertises de chacun.e.

​Le projet de recherche « Résolution-Métis » étant de nature exclusivement scientifique, l’équipe chargée du projet n’est pas compétente en matière d'obtention de la nationalité, de réparations, naturalisations, visas, actes d'état civil, ou de compensations financières éventuelles. Un projet attentif aux enjeux sociétauxLa "loi du 21 mars 2023 permettant l'accès aux archives en vue de la recomposition des familles à la suite des séparations contraintes" permet aux métis de mieux accéder aux archives et aux données personnelles de tiers, dans le cadre de la recherche de leurs origines. Longtemps freiné par le RGPD, cet accès est désormais facilité grâce à un régime dérogatoire. Cette avancée, appuyée par les Archives de l’État et les comités de suivi du projet, répond à un enjeu essentiel : permettre la reconstitution de liens familiaux longtemps rendue très difficile par les restrictions juridiques. Elle permet donc à l’équipe de répondre à l’une des missions les plus importantes qui lui ont été confiées par le Gouvernement : accompagner les métis dans leurs recherches dans les archives.

Communications de l’équipe

  

Partenaires

Collaborateurs

Collaboratrices et collaborateur du projet :

  • Aline Cuvelier
  • Valentine Dewulf
  • Margot Elmer
  • Lilian Eyletters
  • Jeanne Garcia
  • Ornella Rovetta

Coordination et supervision :

  • Au sein des Archives de l'État :
    • Pierre- Alain Tallier (coordinateur général)
    • Nico Wouters (CegeSoma)

Publications

  • Dewulf V., Rovetta O., « Fixer des parcours, négocier des décisions. L’enfance métisse au prisme des commissions de tutelle au Congo belge (1915-1960) », Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique, n°8, 2025 (à paraître juin 2025).
  • Rovetta Ornella, « Restoring Archives, Restoring Identities ? A Historical and Archival Inquiry into the Treatment of Persons of Mixed European-African descent in Belgian Congo and Ruanda-Urundi (1885-1962) », in Internationales Archivsymposion in Duisburg. Relevanz der Archive für Gesellschaft und Politik. Annalen, Archives Générales du Royaume, Bruxelles, 2024, p. 63-70. (Miscellanea Archivistica Studia, 22).
  • Rovetta Ornella, et Lauwers Delphine, « Des archives pour restaurer le passé ? », Imag, Bruxelles, nov-déc 2023, pp. 27-29.
  • Lauwers, D., Rovetta, O. (dir.), Jalon de recherche – (Re)chercher les archives relatives aux métis et à leur histoire familiale, 1e edition (fr-nl), 2023, 42p.
  • Lauwers Delphine, « (Re)construire des identités pour co-construire une histoire ? Le projet « Résolution-Métis » au croisement d’enjeux individuels et collectifs », in : FILLIEUX M., FRANCOIS A., MATHIEU G. et VAN EECKENRODE M. (eds.), Un dossier pour se (re)construire ? Archives et enjeux d’identités, Louvain-la-Neuve, Presses Universitaires de Louvain, 2022, pp. 29-55.
  • Lauwers Delphine et Candaele Chiara, « Décoloniser les archiv(ist)es? De la nécessité d’une mise en commun des savoirs et de leurs moyens de production », in : Revue Belge d’Histoire Contemporaine, 52/4, 2022, pp. 115-124.
  • Garcia Jeanne, « Poster - « Archives, mémoires et identités métisses ». Une exposition virtuelle réalisée dans le cadre du projet de recherche « Résolution-Métis aux Archives de l’État à Bruxelles », C@hiers du CRHiDI. Histoire, droit, institutions, société [En ligne], Vol. 46 – 2023.

Actualités

L'exposition virtuelle « Archives, mémoires et identités métisses » dresse un état des lieux de la recherche et présente plusieurs sources d'archives disponibles en la matière. L'équipe de chercheurs souhaite ainsi contribuer à une meilleure connaissance d’un pan douloureux et méconnu de l’histoire coloniale et post-coloniale.

Liens

Page mise à jour le 8 juillet 2025

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