Du 1er au 15 septembre 2022, les Archives de l’État ont accueilli une délégation de l’Institut National des Archives du Congo (INACO), composée de Monsieur IYOKA OTANGELA – N’kumu Jean-Bedel, Directeur Général Adjoint de l’INACO, et de son collaborateur spécialiste des archives digitales Monsieur Patrick MUSHIZI.
S’inscrivant dans le cadre du projet DIGICOLJUST consacré aux juridictions militaires coloniales (1885-1960), coordonné par les Archives de l’État et mené en collaboration avec l’ULB et la VUB, leur venue traduit la volonté de notre institution de mettre en œuvre une collaboration concrète avec nos collègues de l’INACO autour de la gestion de notre héritage archivistique commun.
Durant ces deux semaines, archivistes congolais et belges ont pu tisser des liens humains et professionnels à l’occasion de plusieurs cessions d’échanges et de nombreuses visites dans les principaux centres d’archives conservant des documents relatifs à l’histoire de la colonisation : Archives de l’État, Ministère des Affaires étrangères, Musée Royal de l’Afrique Centrale, Palais Royal et les deux universités de la Capitale (ULB et VUB).
Aux Archives de l’État, au sein de la cellule des « Archives Africaines » des Archives générales du Royaume - dépôt Joseph Cuvelier, nos archivistes ont présenté les collections et les différents projets en cours à Messieurs IYOKA et MUSHIZI, qui ont eu le plaisir de compulser, non sans une certaine émotion, de nombreux documents liés à l’histoire de leur pays : des cartes, des photographies, des dossiers des membres du personnel d’Afrique et des dossiers judiciaires notamment.
Les discussions entamées entre la délégation congolaise, nos équipes d’archivistes et l’Archiviste général du Royaume ont permis de jeter les bases concrètes d’une collaboration en identifiant les besoins en archives des deux institutions et les différentes modalités de partage possibles. Les collections d’archives conservées dans chaque pays se complètent mutuellement et il est indispensable de cartographier les liens entre ces différents ensembles documentaires pour faciliter la recherche et l’accès à cet héritage archivistique dans les deux pays. La numérisation des archives est incontournable dans ce contexte puisqu’elle permet la duplication aisée des documents et leur partage effectif.
C’est pourquoi, dans le cadre du projet DIGICOLJUST, les archives du Conseil de guerre de Léopoldville ont été numérisées et remises au format électronique à l’INACO. À terme, ce sont l’ensemble des archives des juridictions militaires coloniales qui seront numérisées et partagées avec nos homologues congolais. En parallèle, les archivistes de l’INACO collaboreront avec les Archives de l’État pour identifier et inventorier certains fonds d’archives conservés en République Démocratique du Congo, et notamment les dossiers des membres africains de la Force publique. Ces dossiers sont particulièrement intéressants pour écrire l’histoire des juridictions militaires coloniales puisque les membres africains de la Force publique représente plus de 90% des prévenus jugés par ces juridictions.
En réunissant archivistes congolais et belges autour d’objectifs communs, le projet DIGICOLJUST fait office de pilote pour élaborer et tester les modalités de collaboration pratique dans la gestion et la valorisation de ce patrimoine archivistique partagé.