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Délinquance en Hainaut au XVIe siècle : l'histoire d'Anne Domont et de ses comparses

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28/05/2021 - Inventoriage - Archives de l'État à Tournai - Archives de l'État à Mons

Les dossiers criminels d’Ancien Régime sont rares en Hainaut, en raison de leur destruction lors du bombardement du dépôt des Archives de l’État à Mons par l’aviation allemande en mai 1940. Ils nous apportent cependant de précieux renseignements tant historiques que généalogiques, judiciaires ou sociologiques. Découvrez l’histoire édifiante d’Anne Domont et de ses comparses, extraite du procès qui s'est tenu devant l’office de bailliage de Venize-lez-Mevergnies en 1600...

Anne Domont (Daumont ou D’Holmont), alias de Buillemont, est originaire du faubourg de Brantignies à Ath.Il s’agit d’une jeune marginale, délinquante récidiviste, qui vagabonde avec des « lurons fracteurs de maisons, vagabons et gens menans aussy mauvaise vie ». La justice d'Ancien Régime se révèle implacable à son égard.

En mai 1594, elle n'a pas vingt ans lorsqu'elle est condamnée une première fois à Tournai pour divers vols et larcins commis en compagnie de son ami Charles de Blays, natif de France, dont « ladite Anne était la garce, non l’épouse ».
Charles est publiquement fustigé à l’aide de verges mais Anne échappe à cette punition exemplaire sur l’avis des docteurs en médecine selon lesquels il y avait danger pour elle d’être fustigée si elle était enceinte de deux ou trois mois, comme ils le pensaient. Elle est donc bannie de la ville de Tournai et du Tournaisis pour 10 ans.

L’année suivante, elle est arrêtée dans la grange d’une maison sise à Ghoy avec une femme et deux hommes - dont le même Charles de Blays - , en possession de vêtements (hardes) et biens d’église volés notamment à la chapelle Notre-Dame à proximité de la ville d’Ath.
Gerard Hennebault, sergent de la terre d’Enghien domicilié à Ghoy les fait prisonniers et les mène à Enghien.
À l’issue d’un procès devant l’office du bailliage d’Enghien, les deux hommes y sont pendus (« exécutés par la corde ») tandis qu'Anne et sa compagne sont fouettées de verges. Anne est alors bannie à vie de la terre d’Enghien.

En avril 1600, Anne, alors âgée de 25 ans, est arrêtée et emprisonnée par l’office du bailliage de Venize-lez-Mévergnies. Elle est alors accompagnée de François Bonel, un Français âgé d’environ 24 ans, natif de Maigny ou Dagny (Dagny-Lambercy), près de Montcornet (dans l’actuel département de l’Aisne).
Lors de son interrogatoire, François Bonel prétend être le fils illégitime du seigneur de Son, décédé avant sa naissance. La fille de ce seigneur l’a recueilli puis il est parti « mendier son pain » durant deux à trois ans avant de se mettre au service d’un lieutenant de cavalerie.
Anne et lui se sont mariés un an plus tôt à Iseghem, dans une paroisse proche de Courtrai. Anne a en sa possession un parchemin qui l’atteste.

Avec des complices, François Bonel commet le vol d’une trentaine de chemises de nuit à l’abbaye d’Ath ainsi que celui de linges à Ghoÿ (lez-Lessines) dans la maison d’Hennebault (il s'agit sans doute une vengeance). Il revend certaines de ces chemises à la tenancière d’une taverne dite des « trois bihons » à Villers-Saint-Amand, où il a trouvé refuge avec ses complices tandis qu’Anne (qui n’était pas présente lors des larcins) se rend à Ath pour tenter d’y négocier les linceuls volés à Ghoÿ. Elle en vend un à la rue du Moulin.

Pour ces faits, Anne sera cette fois non seulement battue en public à coups de bâton mais aussi flétrie au fer et bannie à jamais du pays de Hainaut, tout comme son complice.

Le dossier relatif au procès criminel d’Anne Daumont devant l’office de bailliage de Venize-lez-Mevergnies en 1600 fait partie des archives du château d'Attre, en cours de classement. Propriétaire du château d'Attre, la famille Franeau possédait en effet des seigneuries ou fiefs à Hyon, Mévergnies, Arbre et Attre. Ces archives privées ont été acquises par le Fonds Claire et Michel Lemay, géré par la Fondation Roi Baudouin, qui l’a confié aux Archives de l’État à Tournai.

Découvrez un extrait du procès sur la page Facebook des Archives de l'État !

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