Pendant longtemps, le Conseil de Guerre est resté très mystérieux. Il est cité dans diverses sources mais il semblait que ses propres archives n’avaient pas été conservées. Harald Deceulaer a rassemblé toute trace possible à ce sujet, dont des procès-verbaux du Conseil lui-même. Sa longue investigation s’achève à présent avec la publication d’un livre.
À son apogée, le Conseil de Guerre était une espèce de quartier général pour la stratégie, l’organisation et la logistique militaires, dirigé par le gouverneur ou un commandant suprême. En outre, des conseils de guerre étaient organisés sur le terrain lors de campagnes militaires, et des soldats aguerris y donnaient des avis sur les options à envisager. Le Conseil a été actif de 1567 à 1609, puis il a été réinstauré en 1618 et il a été en fonction jusqu’au début du XVIIIe siècle.
Richement illustré, ce livre dévoile pour la première fois l’historique, la portée, la composition et l’organisation du Conseil de Guerre. Le lecteur peut y apprendre découvrir les participants aux réunions, le contenu des débats, le rôle politique et militaire joué par l’institution. Le profil des membres du Conseil est également présenté. L’ouvrage contient des descriptions biographiques de 233 personnes qui sont citées comme membres du Conseil de Guerre entre 1567 et 1718.
Le Conseil de Guerre apparaît pour la première fois à l’époque du duc d’Albe. Il était alors un cercle des adeptes de l’approche dure et un centre de pouvoir alternatif pour le Conseil d’État. Alexandre Farnese rajeunit et diversifie le Conseil en y associant à côté de militaires espagnols et italiens expérimentés également des nobles wallons ainsi que quelques hommes politiques. Le Conseil de Guerre atteint son apogée à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe. Il se réunissait régulièrement et ses nombreux membres ont joué un important rôle politique et militaire. Pendant la Trêve de Douze Ans, le Conseil n’a pas été actif mais il a été réinstauré en 1618, lorsqu’éclate la guerre de Trente Ans. Cependant, son rôle a été moins essentiel au cours du XVIIe siècle. À la fin du XVIIe siècle, il faisait plutôt fonction de réseau d’information pour les dirigeants et gouverneurs et comme organe d’hommage et de reconnaissance.
Le Conseil de Guerre n’était pas une institution classique, mais plutôt un organe pour des conseils informels. Surtout au XVIe siècle, de nombreuses personnes étaient associées à son fonctionnement et sa composition a connu une grande rotation et diversification. Certains membres étaient nommés par le souverain espagnol, d’autres étaient invités par le gouverneur en raison de leur expertise militaire et en fonction des circonstances sans devoir attendre une lettre officielle de nomination par Madrid. Les membres n’étaient pas rémunérés pour leurs services. Il n’y avait pas de rythme fixe pour les réunions, ni de secrétaire et il semble que l’institution ait produit ou laissé peu d’archives. La flexibilité du Conseil de Guerre constitue un problème pour les historiens, mais à l’époque elle était probablement un atout. Des procédures bureaucratiques et des règles strictes étaient peu efficaces dans le contexte militaire de l’époque. Pour pouvoir exécuter des opérations militaires complexes, il fallait pouvoir faire rapidement appel à un large groupe de spécialistes aux profils les plus divers.
La publication
Le livre décrit l’évolution, l’organisation et le personnel du Conseil. Les notices biographiques présentent 233 personnages de l’histoire politique et militaire des Pays-Bas.
DECEULAER Harald, Archiefsporen van een vergeten instelling: de Raad van Oorlog en zijn leden (ca. 1567-1718). Een institutionele en prosopografische studie (Studia 177), Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2024, 241 pages, 53 illustrations.
Le livre peut être commandé au prix de 15 € via publicat@arch.be
