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Un parchemin de Baudouin II de Constantinople de retour à Namur

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18/06/2021 - Acquisitions - Archives de l'État à Namur

Les Archives de l’État à Namur viennent de récupérer un document exceptionnel, mis en vente en 2020 par une grande salle d’enchères parisienne. Il s’agit d’un précieux parchemin de l’empereur Baudouin II de Constantinople, également comte de Namur. Datant de l’an 1240 (ancien style), le document en latin est pourvu d’une signature byzantine au cinabre, accompagnée d’une datation en caractères grecs !

En 2020, les Archives de l’État sont alertées par des médiévistes : un document public exceptionnel se trouve en tête de catalogue d’une vente organisée par une grande salle d’enchères parisienne ! Immédiatement, les Archives de l’État mènent l’enquête et entreprennent des démarches en vue de la restitution de cet acte touchant à une question administrative entre un souverain et son représentant à l’autre bout de l’Europe.

L'acte avait été donné en 1240 (ancien style) – 8 mars 1241 selon le calendrier nouveau style – par Baudouin II, dernier empereur latin d’Orient, depuis son palais des Blachernes à Constantinople. Surnommé porphyrogénète (« né dans la pourpre [impériale] »), cet empereur issu d’une prestigieuse maison d’Occident, les Courtenay, possédait également la couronne comtale de Namur.

Baudouin II y notifie au bailli du comté de Namur, Jean Colon, la concession de droits à l’hôpital Saint-Samson, sur les rives du Bosphore, affectés sur son institution de bienfaisance homologue, fondée en bord de Meuse, non loin de la citadelle de Namur. Cette institution de bienfaisance namuroise précéda le Grand Hôpital de Namur qui se trouvait lui à l'emplacement de l'actuel Parlement de Wallonie.

Le document sur parchemin du XIIIe siècle est pourvu d’une spectaculaire signature byzantine au cinabre – pigment rouge vermillon – accompagnée d’une datation en caractères grecs. Il constitue un rare exemple connu de ce type de pièce diplomatique, rédigée en latin, trait d’union archivistique entre l’Orient et l’Occident. Cette faveur rencontre des similitudes avec une donation du même empereur en faveur de l’hôpital de Saint-Samson à Douai et conservée aux Archives nationales de France.

Les négociations menées avec la salle de vente et le vendeur débouchèrent, grâce au soutien d’un mécène anonyme, sur une restitution à l’État belge d’une pièce de son patrimoine public. Selon la législation belge, les archives publiques sont en effet inaliénables, sans prescription possible.

Ce précieux parchemin vient d’être remis aux Archives de l’État à Namur. Il est néanmoins déjà sollicité pour une étude universitaire et une exposition. Il retournera dans son fonds d’origine, après enquête, auprès ou comme seul vestige d’une « 18e liasse » (note inscrite au dos) dont il a été séparé depuis longtemps...

Pour en savoir plus

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