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Huit siècles d’histoire du Pays de Waes : les archives de l’abbaye de Roosenberg à Waasmunster sont inventoriées

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01/10/2019 - Recherche - Inventoriage - Publications - Archives de l'État à Gand

L’inventaire des archives de l’abbaye de Roosenberg à Waasmunster ouvre à la recherche huit siècles d’histoire religieuse, socioéconomique et d'histoire des femmes dans le Pays de Waes.

L’abbaye de Roosenberg à Waasmunster a eu une importance indéniable pour l’histoire du Pays de Waes. À l’origine, en 1235, elle fut fondée comme un hôpital, mais peu après (en 1238 déjà) elle est devenue une communauté de sœurs où la dévotion revêtait une importance cruciale. Les sœurs vivaient selon la règle de Saint-Augustin et en suivant les statuts de Saint-Victor, ce qui faisait de leur communauté l'un des couvents victorins les plus anciens des Pays-Bas.

Les ressources matérielles de l’abbaye étaient considérables : suite à des dons importants de biens et de droits de la part de personnalités séculières et ecclésiastiques, elle avait acquis un patrimoine impressionnant. La dot que les sœurs (souvent issues de familles fortunées) apportaient en prenant l'habit y a également contribué.  Vers la fin du XIVe siècle, l’abbaye avait développé un domaine s’étendant sur de grandes parties du Pays de Waes, de la Flandre zélandaise, du Pays de Termonde et de nombreuses autres localités du comté de Flandre. La gestion de ces propriétés a produit des archives d’une valeur quasi inestimable pour l’étude de l’histoire du Pays de Waes, comme par exemple, des matrices des biens et des rentes, des cartulaires, des cartes et plans, etc. offrant tout un important potentiel de recherches relatives à la région.

Au XVIe siècle, l’abbaye est confrontée à de sérieux contretemps : Roosenberg est impactée par les guerres de religion, et l’abbaye est pillée et détruite en 1583. Ce n’est qu’en 1611 que le complexe abbatial de Waasmunster est remis en service, mais la prospérité matérielle d’antan ne put jamais être reconstituée. Toutefois, les abbesses successives (et les prieures, leurs assistantes dévouées) ont fait preuve de dynamisme et d’esprit d’initiative. Elles se sont par exemple vertement opposées à une immixtion trop poussée des évêques gantois. Sous l’occupation française, tout comme de nombreux autres couvents et institutions ecclésiastiques, l’abbaye a de nouveau fortement souffert. Malgré l’opposition de la supérieure Maria Anna van Crombrugghe, la communauté est dissoute en 1797. Les bâtiments sont confisqués et vendus. Exit l’abbaye de « Roosenberg I »…   

Les liens entre l’abbaye et le Pays de Waes, quant à eux, ne sont toutefois pas coupés. En 1831, avec l’aide d’une bienfaitrice privée, quelques sœurs de la première fondation réussissent à relancer la communauté dans un nouveau bâtiment à Waasmunster : Roosenberg II était née ! Une bienfaitrice, la demoiselle van Doorslaer de ten Ryen, prend l’habit ainsi que la direction de la nouvelle communauté, sous la houlette d’une société civile, et assistée par un directeur (masculin) et une direction abbatiale.  Bien que le patrimoine de l’abbaye fût moins développé que sous l’Ancien Régime, la communauté des sœurs a connu une croissance continue. Pour cette période, les archives reflètent la prédominance de l’aspect contemplatif : il s’agit de documents sur les sœurs prenant le voile, d’exercices spirituels, d’instructions liturgiques et de pièces relatives aux activités récréatives, ainsi que d’une collection photographique remontant à la fin du XIXe siècle. Dans les années 1960, la situation de la communauté devient à nouveau précaire : la communauté vieillit et est matériellement affaiblie, de sorte qu’une solution doit être trouvée pour assurer la survie de l’abbaye. Une association est créée avec la congrégation diocésaine des Sœurs de Marie (dites les « maricoles ») : c’est le début de « Roosenberg III ».    

Au fil des siècles, les archives de  Roosenberg I et II ont été conservées soigneusement par les sœurs elles-mêmes. Ce ne fut cependant pas une mince affaire : durant les guerres de religion, les archives ont connu plusieurs périples pour être mises en sécurité à divers endroits en Flandre-Orientale. Vers la fin du XVIIIe siècle, si les sœurs réussissent à cacher une partie des archives, elles n’ont cependant pas pu empêcher que des documents tombent entre les mains des autorités françaises qui les ont intégrés dans les archives départementales de l’Escaut. En 2013, les sœurs font don des archives de Roosenberg I et II aux Archives de l’État à Beveren. Depuis 2015, le fonds est conservé aux Archives de l’État à Gand.

En 2019, les archives transférées, tant celles en provenance du département de l’Escaut que celles qui étaient conservées par les sœurs, sont réunies dans un seul fonds pour être ouvertes à la recherche. Certains documents conservés à l’abbaye à Waasmunster en raison de leur valeur muséale ont été intégrés dans le nouvel inventaire : ils peuvent être consultés sous forme numérique dans la salle de lecture des Archives de l’État.  Ainsi, quelque huit siècles d’histoire de la religion, de la vie socioéconomique et des femmes dans le Pays de Waes sont ouverts à la recherche.   

     

     

   

Inventaire

L’inventaire est en vente à la boutique des Archives générales du Royaume, aux Archives de l’État à Gand ou via publicat@arch.be. Il peut également être téléchargé gratuitement en cliquant sur le lien ci-dessous ou via notre moteur de recherche. L’inventaire a été présenté officiellement le 16 octobre 2019 à l’abbaye de Roosenberg à Waasmunster. Informations.

SOMERS Annelies, Inventaris van het archief van de abdij van Roosenberg te Waasmunster (1258-1994), série Inventaires Archives de l’État à Gand n°153, publ. n°6008, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2019, 10 € (+ frais d’envoi éventuels).

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Page mise à jour le 22 décembre 2021

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